Madame la Présidente,

Comme prévu, je suis allé au Salon d’Auxerre en compagnie de quelques amis. J’hésitais un peu au départ, il faut dire qu’un lever à cinq heures du matin ne fait pas partie des choses que j’apprécie le plus dans la vie, mais comme je n’ai visité aucun salon depuis près de deux ans, j’avais envie de me retremper dans cette atmosphère un peu particulière dégagée par une assemblée de gens animés d’une même passion. Il faisait froid samedi matin, j’ai même vu par endroits un peu de gelée blanche dans les champs, et la température variait fortement dans l’habitacle de la voiture de Jean Philippe, lui-même et Adrian fumant comme des pompiers et ouvrant régulièrement les vitres pour dégager l’essentiel de la fumée. Le pire est que ces deux artistes ne fumaient pas en même temps. Pour compenser, le chauffage était à fond et j’ai donc passé le voyage à osciller entre la pneumonie double et l’intoxication sub tropicale (ceci dit, ce voyage fût fait en compagnie plus qu’agréable mais bon, vous commencez à me connaître et savez ma légère tendance à l’exagération).

Arrivé vers dix heures trente à Hamexpo, je me suis précipité à l’intérieur du bâtiment et deux surprises m’attendaient. Tout d’abord, le prix de l’entrée (huit euros). Il me fallut donc largement amputer mon maigre viatique –et réduire d’autant mes intentions d’achat – mais je me consolais en arborant fièrement un joli petit bracelet vert aux vigiles de l’entrée.

Sitôt passé ces fourches caudines, je jetais un coup d’œil rapide sur le spectacle qui m’était offert et fus pris d’un doute affreux : ne m’étais-je pas trompé de salon ? Les vastes allées s’offrant à moi n’allaient-elles pas accueillir dans les minutes suivantes une compétition de karting ? L’absence de bottes de paille me rassura rapidement, ainsi qu’une enseigne de la prestigieuse maison ICOM. Ouf ! J’étais au bon endroit.

Je décidais de commencer par visiter les professionnels, déambulant en toute facilité dans ces allées largement dimensionnées. Le stand ICOM, bien sûr, avec des TX qui font rêver, ainsi que le sourire d’Angélique –qui fait lui aussi rêver. Pas très loin était installé le stand de GES mais je ne me suis pas trop approché, ses tenanciers arborant une mine grognon comme si ils avaient été condamnés à des travaux d’intérêt général après avoir commis quelque forfait. Il semblait y avoir du matériel intéressant sur les étalages mais, ayant peur de me faire mordre, je préférais passer mon chemin.

Je saluais bien entendu mes potes Maurice et Jacques sur le stand De Kerf, discutais un bon moment avec eux et en profitais pour leur piquer un bonbon (je réussis un peu plus tard à extorquer une casquette à Jacques, arguant du fait qu’il n’y avait pas de raison qu’Adrian en ait une et pas moi !). Ma première emplette était donc faite à peu de frais.

J’arrivais ensuite sans être bousculé sur le stand de Difona et je crus être victime d’une hallucination : les prix étaient-ils libellés en roubles ? Mais non, m’approchant d’un peu plus près, je vis que le sigle « euro » était bien présent. 1200 euros pour un IC 7400 par exemple. Et neuf qui plus est ! Je le précise car c’est à peu près le prix réclamé en occase dans notre beau pays, et comme j’aimerais bien m’offrir prochainement cet appareil, mes lascars les vendeurs vont devoir modérer un peu leurs prétentions. Je ne détaillerai pas plus, mais tout était à l’avenant et je comprenais mieux la mine légèrement grisâtre de nos artistes de GES.

Je poursuivis ma visite par les rares autres stands présents sur le salon (little body sick, comme dit l’apiculteur du bas limousin était là, fidèle au poste, un peu plus froissé que d’habitude mais bon, il faut le comprendre, dormir sur les parkings dans le coffre d’une Twingo entre en sac de PL pour se caller la tête, et une bobine de twin lead, le dos, dérangerait le bon ordonnancement vestimentaire de n’importe qui). Bref, je terminais rapidement ma tournée des professionnels sans avoir eu à piétiner ni même avoir été bousculé par les quelques visiteurs que je croisais sur mon chemin.

Cap ensuite sur la mini brocante –qui pourrait, dès l’année prochaine, se tenir dans une camionnette du styles de celle de l’épicier qui parcourt encore nos campagnes pour vendre quelques denrées de première nécessité au populations rurales des cantons reculés de la Creuse.

Deux choses retinrent mon attention, un DRAKE R4C et un HEATKIT SB101. Je flashais aussi sur des mini PC type note book proposés par F6EPE, ainsi que sur les mats télescopiques proposés par des Hongrois, me semble-t-il. L’un d’entre eux me paraissait d’ailleurs aussi hilare que si il venait de recevoir son ordre de mobilisation pour l’Afghanistan…

La brocante fût cependant assez vite parcourue bien que je me promette d’y repasser dans l’après midi, il était inconcevable que je reparte sans avoir acheté quelque chose à Hamexpo. D’ailleurs, je dois reconnaître avoir longtemps hésité entre un IC 7700 et un sandwich au saucisson d’âne proposé un peu plus loin. J’ai fini par opter pour le sandwich car nous n’avions pas beaucoup de place dans la voiture. Ce dilemme étreint d’ailleurs souvent F6CDX. La preuve ? Il choisit en général l’acquisition d’un appareil radio et il est tout maigrelet (signe qu’il ne mange pas de sandwich au saucisson d’âne).

Ce salon fût quand même pour moi l’occasion d’obtenir une information internationale de première main que je vous livre en toute confidentialité : Arcelor Mittal est en train de baisser fortement sa production d’acier chez lui, et le prix de la ferraille augmente fortement ici.

C’est donc l’esprit un peu chagrin que j’atteint l’heure du déjeuner et, croyant que le salon fermait pendant la pause repas – il n’y avait pratiquement plus personne dans les allées-, je décidais de rejoindre les copains sur le parvis afin de participer aux agapes rituelles et autres libations. Il y avait F6DFY, F4DNR, F1GLY, F6CTT, F6G ?? (désolé, Jacques, j’ai mangé la fin de ton call), F6DSB et votre serviteur. Le Chablis coula à flot et les sandwichs furent promptement avalés. Café à l’intérieur ensuite, photos et discussions, Marc proposant à Jean Philippe dans un Anglais parfait d’immortaliser notre groupe avec mon appareil numérique. F5GKW répondit qu’il en était d’accord et qu’il pouvait même le faire en français –private joke.

C’est vrai, madame la Présidente, que les salons ont aussi pour mérite de réunir des copains qui peuvent enfin se parler sans passer par le truchement d’un micro. De ce point de vue, Hamexpo fût pour moi une réussite totale. J’ai encore en mémoire les discussions fiévreuses de Marc et Jean Claude sur la manière de s’emparer discrètement d’un IC7700 pendant que j’aiguillonnais leur envie en parodiant une pub télé :  « Allez-y, les gars, parce que vous le valez bien ! », les hésitations de Jo pendant que Jean lui parlait avec une lueur enfantine dans l’œil, de la réception SDR, la jubilation de Pascal à l’idée de ramener un ampli QRO (alors qu’il fait déjà sauter son interphone avec 100 watts) dans son shack, et le regard amusé d’Adrian, notre pote Gallois, qui semblait se dire que ces français sont de bien étranges créatures…

C’est au cours de l’après midi que je craquais et décidais d’aller acheter un de ces mini portables à F6EPE. L’affaire fût rondement menée, il n’eût même pas besoin de me faire l’article tant je crevais d’envie d’en récupérer un… Pour l’anecdote, je précise qu’au cours du voyage de retour, je m’amusais à découvrir l’objet et mes deux comparses m’entendirent m’exclamer : « Merde ! Je me suis fait baiser ! F6EPE m’a dit que le disque dur faisait 6Go et je n’en vois que 2 sous « C »… On ne peut vraiment faire confiance à personne ! ». Jean Philippe me suggéra de vérifier s’il n’y avait pas une autre partition sur le disque dur. Il y en avait une. Ouf ! Désolé d’avoir douté un court moment. Par contre, si tu peux me dire (F6EPE) comment resserrer l’écran pour qu’il ne tombe pas trop vite, envoie moi un mail –adresse sur ce blog – car je ne vois pas comment faire !

Je n’irai pas plus loin dans la description sommaires de mes déambulations puisque j’avais déjà tout vu , revu et re revu. Et là, je vous imagine, Madame la Présidente, en train de vous demander pourquoi diable cette lettre ouverte à votre endroit. Il ne fût question jusqu’ici ni de vous ni du REFU. Alors j’y viens.

Je déambulais avec une certaine morosité dans les vastes allées à moitié vides du salon, ruminant de sombres pensées sur le déclin de notre activité et sur l’incurie du REF, lorsque deux évènements se produisirent A noter au passage que je veillais de façon quasi automatique, car préparant mentalement les phrases assassines que j’allais déposer sur mon blog pas plus tard qu’aujourd’hui, à ce que mes pas ne m’approchent pas trop du stand de GES (toujours cette crainte de me faire mordre) non plus que d’un membre de votre équipe qui semblait parfois m’observer comme le croque mort qui prend les mesures du futur cadavre afin d’en préparer le cercueil.

Le premier évènement fût de voir F6ETI s’approcher directement de moi, et je me hâtais de vérifier qu’il ne dissimulait pas un 357 magnum dans sa poche compte tenu des horreurs que je répand généreusement sur le compte du REF au travers de ce blog. Et bien non, il me serra la main en riant et F8BPN ne se jeta pas à mon visage pour en arracher quelques lambeaux de peau. Elle n’alla pas toutefois jusqu’à me faire la bise mais bon, une autre fois peut être… Nous discutâmes quelques instants et, rassuré par le fait que mes gardes du corps étaient là et que personne n’avait l’air de vouloir attenter à ma vie, je me décontractais un brin.

Plus tard, muni de ce sandwich au saucisson d’âne que je convoitais depuis un bon moment, j’aperçus une frêle silhouette se diriger vers le bar, silhouette qui s’avéra être la vôtre, madame la Présidente. C’est la première fois que je vous voyais et j’étais ému comme un adolescent post pubère. Bien sûr, je n’allais pas vous aborder (alors que ce salopard de Jo vous fait la bise ! Ce n’est vraiment pas juste !) et je me contentais de vous observer à la dérobée. Je vis ainsi une femme décidée, gardant la tête haute en dépit du désastre ambiant, sorte de capitaine arpentant sa dunette et donnant ses consignes aux uns et aux autres afin que soit sauvé ce qui pouvait encore l’être. Je vous ai trouvé aussi beaucoup de classe, ce qui est suffisamment rare pour être signalé.

Du coup, j’oubliais mes phrases assassines et décidais in petto de vous écrire cette lettre ouverte, d’autant plus que j’étais ressorti indemne de ma rencontre avec Philippe et Mau (NB : j’aime bien jouer les pleutres, pour le plaisir masochiste que cela me procure mais je rappelle quand même à l’auditoire que je suis 3éme dan de Judo et ancien champion de ceci cela…).

Tout en vous observant à la dérobée, je pensais à cette presque phrase de Molière dans l’Avare : Mais que diable allait elle faire dans cette galère ! Oui, quelle idée vous a pris de vous embarquer sur ce Titanic en puissance ? Alors, pour vous aider un peu dans la mesure de mes modestes moyens, je vous ferai trois suggestions :

1-Ne révisez pas les statuts du REFU. Jetez les dans un broyeur à papier et créez en de nouveaux.

2-Le prochain salon, faites le ailleurs et dans d’autres dispositions afin de créer une véritable rupture. Se retrouver sur le site d’un tel désastre serait nuisible au redémarrage d’une dynamique nouvelle.

3-Repensez totalement votre mode de communication avec la tutelle.

Ce dernier point me paraît particulièrement crucial. Le REF a pris l’habitude d’aller à la tutelle comme d’autres vont à Canossa. Une bonne illustration me semble être le tableau des Bourgeois de Calais remettant à l’occupant les clefs de la ville sur un coussin. Mes activités professionnelles me mènent occasionnellement dans certains couloirs ministériels (plutôt du côté de l’avenue de Ségur) et je commence à avoir une assez bonne pratique des gens qui y sont installés. Alors, croyez moi : faites les chier ! Insistez, quand ils vous disent non sur le pas de la porte, revenez par la fenêtre pour redemander ! S’ils ne vous reçoivent pas, écrivez, remettez le truc sur la table. Si les subalternes refusent, tapez plus haut. Ecrivez à Nicolas, dites lui qu’en tant que Président temporaire de l’Europe, il est triste de constater que son pays est à la remorque de tous les autres (ça, il n’aime pas…). Ne perdez pas de vue que les fonctionnaires qui vous reçoivent n’ont qu’un seul souci : pas de vague, la carrière avant tout. Alors, faites des vagues !

Ce changement d’attitude aura d’ailleurs un effet salutaire sur certains membres de votre équipe qui, éperdus de trouille devant votre détermination, préfèreront quitter le navire plutôt que de risquer de déplaire à qui vous savez.

4-Communiquez avec vos membres, ne leur cachez rien ni de vos demandes, ni des refus de l’administration. Il s’en trouvera certainement quelques uns pour saisir leur député maire ou leur sénateur. En ces périodes troublées, on ne sait jamais …

Enfin, je vous dis ça… Vous ferez bien comme vous voudrez. Ceci dit, je vous promet que, par égard pour vous, je ne critiquerai plus le REF sur ce blog jusqu’à… mettons jusqu’à la fin de l’année. Après, je recommencerai certainement, je dois être méchant, au fond.

Cette lettre est sans doute un peu longue et ne vous parviendra certainement jamais. Il n’empêche qu’elle devait être écrite.

Bon courage, Madame la Présidente.

Nota : je le rediffuse car il me plaît bien tout en restant finalement d’actualité.