Il est de bon ton de se moquer des « républiques » africaines qui présentent au monde un modèle démocratique pour le moins original. La saga de la famille Bongo en est d’ailleurs une bonne illustration, cette dernière ayant réussi à regrouper sous son aile tout ce qu’on peut trouver de lamentable sur le continent africain. Et nous autres de ricaner devant l’ascension au pouvoir, via un coup d’état, de tel ancien adjudant de notre glorieuse armée (Bokassa n’est pas si loin…).

Mais quelle est donc cette étrange malédiction qui semble coller à la peau de ce continent qui est pourtant le berceau de l’humanité ? Chacun d’y aller de son explication climato-philosophico-sociologique. Ecrans de fumée qui évitent de penser qu’il y a pourtant une explication beaucoup plus simple mais que personne ne semble vouloir approfondir. En effet, nous feignons d’oublier que tous ces tyranneaux / potentats africains ont été, pour la plupart, formés et nourris à la mamelle de la république française.  Et ce furent de bons élèves qui non seulement ont bien retenu la leçon, mais l’ont mise en pratique avec beaucoup d’application. Il faut dire aussi qu’ils avaient eu droit, dans un passé pas si lointain, à une école préparatoire de qualité, la colonisation, époque bénie au cours de laquelle la France a envoyé sur place les plus beaux fleurons de sa haute administration. Ha ! Le bon temps de la colonisation  où les brillants européens ont montré par l’exemple comment on faisait pour vivre – grassement – sur la bête. Les boys, les coups tordus et les bordels garnis de naturels du lieu. Les magouilles financières, le paternalisme et les prébendes. Le rang social transmissible de père en fils, avec la bonne fortune qui va avec. Du coup, les « élèves » de l’époque ont bien retenus la leçon et ont vite compris que cet exemple là était bien plus intéressant à suivre que celui du docteur Schweitzer… Du coup, l’Afrique francophone s’est mise à ressembler fortement, dans son mode de fonctionnement politique et économique, à la France éternelle, le soleil en plus et les vaches normandes en moins.

L’Afrique francophone a même réussi ces dernières années à dépasser le maître (hé oui, cette putain de démocratie et de liberté d’expression colle aux doigts des politiques de la France éternelle comme le sparadrap à ceux du capitaine Haddock). Il fallait réagir et, Dieu merci, Sarkozy est arrivé !

Nous avons rapidement compris que notre président n’était pas comme ses prédécesseurs, et qu’il mettrait un point d’honneur à s’appliquer à lui même ce qu’il préconise pour les autres.

Quelques exemples :

–         Il s’est fait élire entre autre sur le principe novateur de la rupture. Il a donc divorcé dès son entrée à l’Elysée.

–         Il s’est déclaré président du pouvoir d’achat et s’est donc augmenté fortement dès son arrivée au palais (J’ai oublié le pourcentage qui est de toute façon fort loin des 0,75% auxquels les uns et les autres sommes habitués).

–         Il s’est ému de l’emploi des jeunes (où plutôt de leur non emploi) et a donc placé sur orbite le Prince Jean.

–         Il préconise une république décomplexée et épouse derechef une chanteuse dont on peut admirer la plastique intégrale sur internet. Il va même jusqu’à aller l’applaudir lorsqu’elle pousse la chansonnette sur scène (ce qui, il faut bien le reconnaître, nous change de mémère et de ses pièces jaunes).

–         Il préconise l’union nationale et récupère dans ses filets dérivants les laissés pour compte de la gauche, ces gars qui, ne pouvant arriver par le mérite dans leur parti d’origine, se glissent dans la peau incolore du traître de comédie

–         Il sait pardonner, par exemple les errements de jeunesse de Frédéric Mitterrand, et il va même jusqu’à le nommer ministre en guise de réinsertion sociale. Il faut dire à sa décharge – si j’ose dire – que le procès qui lui a été fait est bien désolant, le sud-est asiatique étant réputé pour fournir à la concupiscence internationale des quadragénaires moustachus et non des jouvenceaux effarouchés.

–         Il veut redorer le blason culturel national et s’entoure de conseillers artistiques que le monde entier nous envie (Doc Gynéco, Christian Clavier, Didier Barbelivien, Bigard… ). La grande classe qui rehausse d’un cran une réputation quelque peu surfaite (Rousseau, Corneille, Molière et autres Descartes). La prochaine étape consistera sans doute à inscrire au programme scolaire les blagues de Toto (là, le Prince Jean ne devrait pas avoir de problème).

On pourrait poursuivre un certain temps sur ce tempo mais je trouve cela par trop démoralisant.

Quand même, revenons un instant sur le cas du Prince Jean.

En restant objectif, quelles sont donc les qualités qui vont permettre à ce rejeton surdoué d’être propulsé à la tête de l’EPAD de la défense ?

–         La jeunesse car il a 23 ans. Moi, à 23 ans, je courrais les filles, les concerts de rock, et je faisais de la moto. Je devais être un bipède particulièrement atypique car il est notoire que c’est dans cette zone d’âge qu’on privilégie les courbes d’un graphique financier à celles d’une créature du beau sexe.  Ce seul critère d’âge ne me paraît donc pas déterminant pour juger de la maturité du jeune prodige.

–         Le niveau d’étude. Notre jeune ami (je dis « notre » car il va bien falloir s’habituer à ce que le Prince occupe une place grandissante dans le paysage, ses brillantes capacités l’appelant à une destinée débordant largement du cadre bien trop restreint de Neuilly)  a redoublé sa première année de droit et était en train de redoubler avec brio la deuxième lorsque le miracle  politique est intervenu. A une époque ou un bac plus cinq est le minimum minimorum pour espérer trouver un travail d’archiviste un peu évolué, on peut se dire que le bagage du Prince est un tantinet modeste, et certainement pas déterminant pour juger de son aptitude à présider un truc comme l’EPAD de la défense..

–         Il est un élu de la république. En désespoir de cause, voilà l’argument massue développé par la Sarkozye – légèrement emmerdée sur les bords par cette affaire – pour faire passer la pilule. Attardons nous donc sur cet aspect purement démocratique des choses. Prince Jean a été élu, c’est indubitable, mais… dans l’ancien fief de papa (Neuilly) où chacun sait qu’un singe serait élu sans problème pourvu qu’il portât une étiquette UMP dans le dos. Joli mérite donc. Il a aussi été élu président du groupe UMP local. Rude combat, titanesque même, s’il en fût ! En effet, on imagine très bien les autres élus UMP (dont le courage face au roi est légendaire) dire, au moment de l’élection « Ha ben non, on va pas élire le fils du roi, on va en prendre un autre… ».

–         Le sens de la traîtrise qui, en effet, n’attend pas le nombre des années. Il n’est que de se rappeler les déclarations enflammées qu’il lançait à l’autre gommeux (j’ai oublié son nom) pendant sa campagne électorale (« on sera avec toi jusqu’au bout ! »). Comme dit l’autre, il le soutenait comme la corde soutien le pendu. Au final, c’est Prince Jean qui a décroché la timbale, mais qu’on ne s’inquiète pas trop  pour le gommeux qui a bénéficié d’un lot de consolation acceptable du côté des USA (consul de France en Californie je crois).

La loi salique est donc officiellement de retour dans notre douce France et nul doute que le roi, prévoyant, est en train de placer le Prince sur la bonne rampe de lancement afin que, peut-être  en 2017… nous ayons le plus jeune président du monde. Et ça, même les africains n’ont pas réussi – à ma connaissance – à le faire. De plus, l’ancien Roi pourra se fera amnistier par le nouveau, ce qui est loin d’être négligeable.

Les turpitudes peuvent donc continuer et ce n’est pas par hasard si j’ai intitulé ce post « Omar Sarko ». Regardez donc à qui Omar Bongo a laissé les clés du palais ? Même sa fille était dans la course… Bon, elle s’est faite avoir et les soirées de Noël en famille doivent être sympa, chez les Bongo, il doit y avoir de l’ambiance… J’espère qu’ils utilisent des couteaux en plastique.

Tout ça n’est quand même guère réjouissant et, au delà du parallélisme  africain, je sens poindre le syndrome Berlusconien : même attrait pour le bling bling, même impudence, même reprise en main des médias, même sentiment d’impunité absolu…

Une petite différence quand même : il y en a un qui joue de la mandoline, l’autre, c’est plutôt du pipeau.

Portez vous bien si vous le pouvez, moi je vais aller prendre un Lexomil.