Pas de radio dans cet article car je ne peux rester indifférent à ce qui se passe sur la planète en général et en Europe en particulier.

L’histoire procède par cycles et point besoin d’être grand clerc pour percevoir que nous sommes en train d’atteindre le bout de celui qui nous a concernés.

Ce qui a caractérisé ce cycle peut se résumer en deux expressions : démarche démocratique et démarche de progrès.

La démocratie – la pire des choses après toutes les autres selon Churchill – a favorisé l’émergence de la tolérance, tolérance qui s’est hélas bien vite transformée en complaisance coupable pour des raisons de mercantilisme, d’électoralisme et d’intellectualisme bobo (dont BHL est une illustration parfaite… BHL, l’homme qui remplace les dictatures militaires par des dictatures religieuses). Par lâcheté aussi, il faut bien le reconnaître. C’est ainsi que cette « tolérance » est en train de faire le lit de ceux dont l’intolérance est la marque de fabrique.

La démarche de progrès a, de son côté, eue de nombreux effets bénéfiques pour les citoyens du monde, que ce soit en terme de médecine, de confort ou encore pour toutes ces petites choses qui nous rendent – rendaient ? – la vie bien agréable… Mais là aussi, le mercantilisme a fait des ravages, sous le doux nom d’ultra libéralisme (qui pourrait se traduire par « on fait ce qu’on veut pour s’enrichir et quand ça foire, l’état vient éponger les pertes. Pour les profits, par contre, ce dernier – et donc les citoyens – peut se brosser).

Ce qui me sidère est la passivité du bon peuple devant des signaux d’alarme uniformément bloqués au rouge vif … On a volé le suffrage populaire lors du précédent referendum européen en faisant voter le cochon de payeur jusqu’à ce qu’il dise oui (Irlande). Idem en france où le pouvoir a carrément fait un bras d’honneur aux électeurs. Pouvoir qui a lui même chaud aux fesses puisque sa survie ne dépend désormais plus du vote de ses citoyens mais de l’appréciation d’agences de notation fumeuses, évanescentes et diffuses. On ne les connaît pas, on ne sait pas comment elles fonctionnent ni qui les dirige vraiment. Par contre, on tremble devant leurs mouvements d’humeur qui font et défont les rois. La Grèce, l’Italie et aujourd’hui l’Espagne en ont fait les frais et notre tour ne devrait pas tarder. Ce qui nous protège encore un peu est que nous n’avons pas un réel système parlementaire mais un régime présidentiel (De Gaulle n’avait sans doute pas pensé à cet effet bénéfique de sa constitution  en 56 !).

Quand même, voilà mise en place à l’échelle planétaire une sorte de « Roue de Demming » inversée, une version perverse du Cercle Vertueux précité. Qu’on en juge :

– Les agences de notation pensent qu’un pays est trop endetté et envisagent de baisser sa note.

– Les dirigeants de ce pays, qui ne veulent pas voir cette baisse de note, mettent en place un plan de rigueur qui pour l’essentiel, touche les classes moyennes et défavorisées.

– Du fait de la rigueur, la croissance diminue et les recettes de l’état aussi.

– Les agences de notations envisagent donc de vraiment baisser la note car elles ont de moins en moins confiance dans la capacité du pays à redresser ses comptes du fait d’une croissance insuffisante.

– Les dirigeants de ce pays accentuent la rigueur et diminuent les prestations sociales. Le pays devient instable et le « quart monde » se développe de façon effrayante tout en décriant un pouvoir qui ne passera pas la prochaine consultation électorale.

– Les agences de notation ne croient plus en ce gouvernement trop impopulaire et baissent la note.

– La dette augmente.

Donc, et si je résume, la note baissera quel que soit le scénario. Alors, pourquoi s’infliger une rigueur qui, au bout du bout ne servira à rien sinon à pénaliser une population qui n’en peut mais ?

Agences de notation et « marchés », voilà bien un couple infernal qui est en train de nous mener à notre perte. Et en attendant la chute finale, plus besoin de régime Weight Watcher, la rigueur pronée se chargeant de nous aider à se serrer la ceinture de plusieurs crans. Car si les agences de notation et les marchés sont très favorables à l’enrichissement honteux d’une minorité d’initiés, c’est au prix d’une paupérisation accrue du reste de la population.

Tant que c’étaient les pays du tiers monde qui faisaient les frais de notre enrichissement, on ne s’en souciait pas trop car il était assez facile de détourner la tête (nous l’avons tous fait, moi y-compris). Mais voilà, tout ce qui pouvait être raclé dans le tiers monde l’a été et si nos chers marchés veulent continuer à prospérer, il faut s’attaque aux « tiers-mondes »… nationaux, là où il reste encore un peu de gras. Après les très pauvres d’Afrique ou d’ailleurs, il est maintenant temps de faire cracher le peu de jus qui leur reste aux pauvres d’ici.

Impôts, taxes, TVA en augmentation, réduction de la protection sociale, chômage (c’est bien, ça, le chômage, ça rend les gens bien dociles). La classe moyenne qui faisait vivre à elle seule le système fait la gueule car elle se rend désormais compte que non seulement elle ne rejoindra jamais la classe « riche », mais qu’au contraire elle se rapproche de plus en plus vite des classes défavorisées.

La chute (et non pas la lutte) finale est proche, et je commence à croire en la catastrophe annoncée de 2012 : pas celle que les allumés nous annoncent avec une destruction matérielle via un astéroïde, des raz de marée où je ne sais quoi… Non, juste celle d’un système qui aura extrait la dernière goutte de suc de nos sociétés et qui, tel un trou noir, s’effondrera sur lui même, repu, avec son cortège d’horreurs prévisibles.

De toute façon, sept milliards d’humains sur cette petite planète, c’est beaucoup trop ! Et comme la grippe aviaire prend son temps – elle arrive à pied ou quoi ? – les marchés vont faire le boulot à sa place.

Des marchés qui se rendent bien compte que ça ne va pas durer mais qui, plutôt que de tenter de rectifier le tir,  ne font que continuer la seule chose qu’ils savent faire : se gaver. Avec d’autant plus de frénésie que la fin est proche.

La fin d’un monde plutôt que la fin du monde, donc. Le plus emmerdant, c’est que ça va se passer au moment où le REF était en train de renaître de ses cendres !

C’est pô juste ! va nous dire Prof l’Expert… Le fait est que ça tombe mal …