Voilà 2010 en passe de s’achever, et la période des cadeaux de noël  qui s’annonce… Alors, qu’est-ce que je vais bien pouvoir demander au père noël cette année ? A titre personnel, je ne sais pas trop, encore qu’une blonde ukrainienne à forte poitrine ne serait pas pour me déplaire, mais je ne suis pas persuadé que ma maitresse apprécierait…

Passons donc sur les cadeaux personnels et parlons plutôt de radioamateurisme… Quels cadeaux la communauté radioamateur pourrait-elle bien souhaiter ? Vu par le petit côté de la lorgnette, on pourrait rêver de droits nouveaux (extensions de bandes, interconnection avec internet etc… etc…). Chacun pourrait y aller de sa demande personnelle et ce serait vite la cacophonie. Par contre, si on regarde par le bon côté de la lorgnette, on se rend vite compte que les trois cadeaux dont nous avons vraiment besoin sont :

1) Un REF « rénové »

Cela fait de nombreux mois que des actions individuelles ou collectives militent en ce sens. Si on considère les résultats objectivement observables à ce jour, force est de constater que les choses n’ont guère avancé. Mais regardons un peu plus en détail ce qui s’est passé.

Le REF « historique », c’est la chape de plomb en matière de communication et de démocratie, toutes choses que je « personnifie » d’ailleurs par Le Corse. Or, internet est passé par là et a permis le développement des initiatives dont je parlais un peu plus haut. Désormais, le radioamateur lambda a la possibilité de critiquer, demander des comptes, proposer des initiatives, et beaucoup –dont moi- ne s’en sont pas privé. D’une certaine façon, les tenants de l’immobilisme se sont retrouvés avec une certaine pression sur les épaules et l’heure de rendre des comptes est en train d’arriver sans qu’il soit possible qu’ils s’exonèrent de cette obligation morale. Du coup, ceux qui sont aux affaires ne peuvent plus rester sans rien faire, comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

De fait, Betty a initié un certain nombre de réformes –parfois avec maladresse – mais s’est trouvée en butte à un feu roulant de  contre mesures opérées par des passéistes souhaitant conserver à tout prix leurs sinécures. Tous les moyens ont été bons, souvent les pires, et Betty a fini par passer la main sans avoir pu mener à bien la réforme attendue.

Mister Jo a pris la suite, porté par une assemblée de supporters assez hétéroclite, leur seul point commun semblant être le leitmotiv « tout sauf Betty », ce qui est assez léger comme programme. On a d’ailleurs pu constater rapidement que certains de ces soutiens étaient de véritables planches pourries… J’étais du coup assez réservé sur l’aptitude du nouveau président à mener à bien une réforme, sa stratégie étant empreinte d’une trop grande réserve. Il faut dire aussi que Mister Jo n’est pas un perdreau de l’année et que son (in)action passée dans les instances dirigeantes du REF-u n’a pas laissé un souvenir impérissable. Mais sans doute à-t-il rapidement perçu qu’il est en quelque sorte le dépositaire d’une forte aspiration des radioamateurs français à voir les choses bouger en profondeur, d’autant que la situation assez calamiteuse des finances réfiennes ne peut que le motiver à agir. De fait, certains signes, encore trop timides à mon goût, commencent à être perçus, notamment dans son dernier édito. Feu de paille ou réelle posture offensive ? Les mois qui viennent devraient permettre de répondre à cette question.

2) Des relations avec la tutelle « rénovées »

Nous touchons là au problème de fond qui contribue à réduire notre activité comme peau de chagrin. Le radioamateurisme est en effet  depuis des lustres aux mains d’un potentat qui a su nous faire comprendre que « service public » ne veut absolument pas dire « au service du public ». Je ne connais rien des motivations de ce personnage mais il faut bien reconnaître qu’il a joué un rôle non négligeable dans le déclin de cette activité. A sa décharge, force est de reconnaître qu’il y a été fortement aidé par des dirigeants associatifs amorphes et complaisants : du moment qu’ils y trouvaient leur compte, le reste n’était guère important.

Quoi qu’on en pense, je trouve ahurissant qu’un domaine entier d’activité – même si le radioamateurisme ne compte pas énormément de monde dans notre pays – soit totalement dépendant du bon (mauvais ?) vouloir d’une seule personne, chose qu’on ne rencontre d’ordinaire que dans les républiques bananières. On peut néanmoins se demander ce qu’il serait advenu si les associations avaient eu la volonté de taper du poing sur la table… Mais non, on leur a toujours fait prendre des vessies pour des lanternes et elles ont gardé profil bas, encourageant de fait la manière désinvolte dont nos dossiers sont traités.

L’enjeu, aujourd’hui, est donc de rétablir un certain équilibre entre la tutelle et les associations, équilibre qui permettra ensuite de mener de véritables rencontres de concertation et non pas ces simulacres de dialogue espacés dans le temps et où on se contente de recueillir la bonne (?) parole de qui vous savez.

La France est un curieux pays où le fait d’obtenir quelque chose passe automatiquement par le pouvoir de nuisance que l’on peut mettre en œuvre. Autrement dit, plus on est gentil et conciliant, et plus on l’a dans le fion.

C’est pourquoi je pense que l’initiative de la région Paca – alerter les politiques locaux- est une bonne idée même si elle ne pourra pas, à elle seule, révolutionner les choses. Quand même, imaginez un instant que Mr Besson reçoive de la part d’une centaine de députés / sénateurs le même genre de courrier… Moins d’une dizaine, on classe après avoir fait une réponse gentillette. Plus de dix, on commence à se demander si il n’y a pas un problème. Près de cent, on s’inquiète et on enquête. Si  une telle initiative est en plus couplée à une action offensive et unie des associations, on a alors de bonnes chances de permettre la relance d’un réel processus de négociation. Et lorsque Mister Jo parle de mettre en place un « groupe de pression », je ne peux que l’encourager dans cette voie et espérer que les autres associations y adhéreront sans arrière pensée. De toute façon, qu’avons-nous à perdre ?

3) Un esprit OM rénové

Force est de constater que ce fameux « esprit OM » a pris du plomb dans l’aile ces dernières années. D’aucuns diront que c’est lié à la « cibistoïsation » des bandes amateurs. D’autres au fait que les anciens s’accrochent à une splendeur passée et refusent de faire de la place aux nouveaux. Du coup, les « nouveaux » s’enferrent dans des attitudes qui fleurent bon le 27 Mhz pendant que les « anciens » se regroupent par spécialité dans des tours d’ivoire. Pas de dialogue et une incompréhension grandissante.

Nous sommes au XXI éme siècle, peut-être faut-il le rappeler, et si cela suppose des évolutions technologiques que certains ont du mal à admettre, cela suppose également des comportements et des attitudes nouvelles de la part des individus comme des institutions.

Je pense que le seul vecteur d’amélioration de cet esprit OM passe par les radio-clubs (je n’ai pas dit les ED !). Des radio-clubs qui, pour une large part, font du bon boulot (et ils en ont, du mérite…). Quand même, il faut que ces derniers intègrent le fait qu’au-delà de la convivialité, de la technique et du trafic, ils ont aussi une vraie mission d’éducation et d’intégration des nouveaux. Le REF à, de son côté obligation de fournir aux radio-clubs tous les supports / logistique / éléments de langage nécessaires.

Qu’on ne s’y trompe pas : le radioamateurisme à papa est mort et il est vain de s’accrocher à cette vieille lune de la machine à remonter le temps. Cette quête du temps perdu a même pour caractéristique principale de freiner l’émergence d’un radioamateurisme adapté à notre temps : le fait de le déplorer ne changera rien à l’affaire.

Ainsi, tout est lié (REF, Tutelle et esprit OM).  L’action doit se faire simultanément dans tous ces domaines pour permettre à notre activité préférée de prendre –enfin- un nouvel essort.

S’adapter ou mourir, telle est la dure loi de l’évolution.