LA FIN DES REFOSAURES

PARTIE 2

 

Comme nous l’avons vu dans la première partie de cette histoire paléolitique en relief 3D, les Refosaures ont dominé pendant des décennies le Microcosmus  essentiellement grâce à leur énorme puissance physique ainsi qu’à leur férocité. De plus, l’absence de prédateurs propres à cette espèce a fait qu’ils n’ont pas su évoluer, ou fort peu. La race s’est ainsi progressivement affaiblie, son taux de reproduction baissant dangereusement au fil des ans. Après de longues recherches, les scientifiques ont fini par admettre que l’espèce avait vieilli, qu’elle était usée. Le premier signal notable de cette dégénérescence a été le fait qu’ils  acceptent, sans se battre outre mesure, de partager une partie de leur territoire avec les Adrasectoredons, espèce cousine mais néanmoins très maline qui a su ne pas disputer aux Refosaures la collecte du fivenine, mais orienter plutôt son appétit vers une autre niche alimentaire, le gyrofare.

Mais la vie est inventive et sait préparer la succession des espèces en voie de disparition. C’est ainsi que de nouveaux venus, les Cibistosaures, ont commencé à sortir des régions reculées où ils étaient cantonnés.  Ils se sont au fil des ans faits de plus en plus entreprenants, tentant même régulièrement des incursions dans le domaine réservé des Refosaures. Apparus primitivement dans une  lointaine plaine  du Microcosmus, le Tauquiwauqui, les Cibistosaures ont rapidement évolué en différentes sous espèce dont les principales méritent d’être signalées :

Les Tumcopilamiterix. Il s’agit de la première sous espèce repérée d’un point de vue chronologique. Restée assez fruste, elle a néanmoins compris qu’il ne fallait pas empiéter sur le terrain des Refosaures pour avoir une chance de survivre. D’ailleurs, la littérature abonde d’histoires où quelques Tumcopilamiterix, qui s’étaient aventurés pour d’obscures raisons dans des regroupements de Refosaures, se sont fait proprement éjecter par ces derniers. Du coup, les Tumcopilamiterix ont jugé plus prudent de rester dans les limites de leur Tauquiwauqui natal, se nourrissant pour l’essentiel d’une herbe assez peu nutritive nommée par les botanistes le brecobreko. Cette sous espèce a de ce fait plus ou moins végété, certains paléontologues estimant qu’elle a même plusieurs fois été proche de disparaître définitivement.

Les Blogosaures. Les représentants de cette espèce sont assez courageux… mais de loin. On peut encore en observer quelques exemplaires, abrités derrière des collines, en train de lancer des grognements sarcastiques en direction de groupes de Constestosaures occupés à dévorer du fivenine. Les experts sont formels lorsqu’ils affirment qu’un Blogosaure n’attaquera pas, du moins jamais seul. Par contre, certains indices laissent penser qu’il ne rechignera pas à  exciter fortement des congénères moins craintifs que lui, par exemple les Comunicoraptors…

Les Comunicoraptors. Ce sont certainement les plus actifs de tous les Cibistosaures, ils en représentent même la forme la plus évoluée. De constitution assez chétive, ils compensent leur désavantage physique par le nombre et la rapidité d’action, et ils n’ont pas été longs à comprendre que c’étaient là  leurs armes les plus efficaces pour affronter des Refosaures certes puissants mais patauds et peu nombreux… Le Comunicoraptor est sans cesse en éveil, prêt à s’engouffrer dans la première brèche qui se présente sachant que son objectif ultime est de s’accaparer les réserves de fivenine des Contestosaures.

Citons pour terminer deux autres sous espèces :

Les Cossardosaures. Peu nombreux, ils passent l’essentiel de leur temps à observer – de loin et en gémissant – la floraison du fivenine. Ils espèrent que peut-être, un jour, les Constestosaures accepteront de leur en donner un peu. Ils attendent ce jour avec une patience bornée et dépériraient certainement si quelques Tumcopilamiterix ne leur apportaient , de temps à autre, un peu de brecobreko. Une chose est avérée, c’est que si les Cossardosaures accèdent un jour au fivenine, ce ne sera pas grâce à un déploiement d’efforts… dont ils semblent philosophiquement et physiologiquement incapables.

Les Fzeropterix. Arrêtons-nous un instant sur cette espèce récente probablement issue d’un croisement improbable  entre un Refosaure malade et un Cossardosaure terrorisé.  Le Fzeropterix présente dans des proportions inégales les caractéristiques des deux espèces. Par exemple, il a la même grosse tête que le Refosaure, mais aussi le côté dolent du Cossardosaure. Certes régulièrement rejeté en queue de troupeau par les Contestosaures au moment de la collecte du fivenine, le Fzeropterix a quand même été toléré et on peut désormais affirmer qu’il représente le fameux chaînon manquant entre les deux espèces. Son avenir paraît néanmoins incertain et la modicité de ses effectifs vient scientifiquement étayer cette analyse.

Les saisons succèdent aux saisons mais d’imperceptibles frémissements se sont récemment produits dans l’atmosphère du Microcosmus, frémissements annonciateurs, c’est à craindre, de la fin du règne des Refosaures. Bien sûr, ces derniers n’en savent rien, leur toute puissance historique ne les ayant pas préparé à envisager le pire. Ils continuent donc à vaquer comme si de rien n’était à leurs occupations, fièrement mais pesamment, donnant juste parfois un coup de patte à un Fzeropterix trop prompt à se précipiter sur un bosquet de fivenine si tentant.

La vie pourrait ainsi continuer indéfiniment, pensent-ils. Sauf que les Comunicoraptors croissent en nombre  et s’enhardissent chaque jour un peu plus, s’enfonçant toujours plus avant dans le territoire des Refosaures. A ce stade, les spécialistes estiment qu’une union de l’ensemble de cette espèce majeure pourrait encore la sauver en réglant une bonne fois pour toute le sort des nouveaux venus. On peut en effet le penser mais …

… C’est une autre histoire que je vous conterai bientôt !