On vit une époque terrifiante… Il ne se passe pas de journée sans que la presse audiovisuelle nous informe de nouveaux méfaits, crimes, attentats, règlements de compte perpétrés ici ou là… C’est bien simple, plus aucun endroit du territoire national n’est aujourd’hui épargné… Tenez, un exemple pris au hasard : le 17 novembre dernier, une horde de sauvageons a envahi les locaux d’une honorable association sise à Tour, pris en otages les membres du bureau et exigé que se tienne séance tenante un Comité Central du Parti des Desperados ! Incroyable, mais que fait la police ! Devant l’agressivité de ces jeunes en manque de repère, les membres du bureau ont temporisé et accepté de tenir ce CCPD extraordinaire ce qui a un peu calmé les agités qui en ont profité pour se faire des lignes de silicium voire, pour les moins fortunés, de crack (drogue hautement toxique puisqu’il s’agit, je le précise pour les néophytes, de silicium coupé avec des morceaux de pâte à souder).

Le Parrain de l’association nationale à ensuite fait courageusement face à cette assemblée de rebelles – la plupart des chefs de gang du pays étaient là, et indiqué qu’il serait mentionné dans le procès verbal que toute décision prise l’a été sous la contrainte. Le chef du gang des « Limousi Gangsta’ » fût alors à deux doigts de sortir son gun mais son adjoint l’en dissuada, arguant du fait qu’ils foutraient de toute façon le feu à la fin du CCPD. Pendant ce temps, des représentants des « Devil’s Adrasec » commençaient à dealer des Talcos au fond de la salle sous l’œil de « Butch  Garrido », le videur, qui avait reçu instruction du Parrain de laisser faire pour ne pas envenimer une situation déjà tendue.

Le contenu d’une bonne partie  des débats restera cependant mystérieux car le reporter du journal qui se trouvait là par hasard (il faisait en réalité un reportage sur les espèces en voie de disparition et c’est un indic qui l’avait envoyé rue de Suède) fût rapidement démasqué, et n’eût la vie sauve qu’après avoir prouvé qu’il était capable de sniffer du Germanium coupé avec de la Galène, mélange fortement toxique qui le conduisit à vomir pendant une heure dans les toilettes sous l’œil hilare de « Gégé The Rebelle », le convoyeur de confiance chargé des opérations internationales de l’Organisation.

D’après ce qu’en a rapporté le chef du gang des « Paca’s Destroyers », Le Parrain démontra, lors de cette prise en otage du Bureau, combien il était un habile manœuvrier puisque, au final, aucune décision importante ne fût prise. Que lui importait, d’ailleurs, que le salon des fourgues ait mécontenté les dealers ? Que les finances de l’organisation soient dans le rouge ? Sa stratégie est restée inchangée : l’Organisation poursuivra son action dans la plus complète discrétion tout en cherchant à recruter de nouveaux « soldats ». Surtout, les Parrains locaux continueront à exercer un contrôle total sur leur territoire.

Quant aux organisations concurrentes, il les a balayées d’un revers de la main en faisant « Pffff… Ces Charlots ne sont que des balances auprès des pouvoirs publics. On les éliminera sans problème un de ces jours ! ».

Les chefs de Gang qui avaient fait ce coup de force et voulaient tout casser, se dispersèrent finalement sans coup d’éclat particulier, les shoots de Prostatine injectés pendant la séance tout autant que les assurances du Parrain ayant fini par calmer leurs ardeurs revendicatives.

En refermant à double tour la porte des locaux, Luccio «The Kid »  Serrano   s’épongea le front en soupirant :

« Par la Madonna, ils sont chaque année un peu plus pénibles ! ». Il rejoignit ensuite les autres à une table de la pizzeria « Chez Beppo » pour s’avaler quelques verres de Chianti. « On tourne au costaud, nous, pas à cette saloperie de Germanium! »  lança-t-il en levant son verre…