Et voici déjà l’épisode 28 de la saga de Radioamateurs-France (ICI)… Nos amis ne chôment donc pas, même au cœur de l’été ! Cette lettre est bien foutue, je trouve, et surtout bien écrite (à l’exception du « pausons la bonne question » du dernier opus mais vu le nombre de fautes que je fais moi-même, c’est juste une remarque amicale ! ) ce qui ne gâte rien. De plus, je le dis et je le répète (car le HQY ne change pas d’avis comme de chemise) je trouve très sain qu’un vent de « liberté » souffle sur le petit monde radioamateur qui a toujours été marqué par la pratique autocratique. Et tant pis si on lit parfois ça et là des conneries, c’est toujours préférable à la chape de plomb qui a pesé sur le microcosme pendant des décennies…

Ceci dit, de quoi nous parle notre ami Dan cette fois ? A mon avis, on tourne un peu en rond, il faut bien le reconnaître… Car c’est toujours la même antienne : le REF est responsable de tous nos maux. Ce postulat n’est d’ailleurs pas entièrement faux mais, une fois posé, il va bien falloir en sortir. Mon point de vue là-dessus n’a pas varié lui non plus mais je vais quand même en remettre une couche : aucune amélioration du microcosme ne pourra se faire en dehors du REF. Que cela plaise ou non, ce point est incontournable car le REF occupe une position prééminente issue en grande partie de sa représentativité et de son histoire. Les tentatives de scission ou de création de structures alternatives restent et resteront vaines, ne serais-ce que du seul point de vue « économique ».

Conséquence évidente de ce postulat, le REF doit donc se réformer avant d’envisager de réformer le paysage radioamateur national. Betty a – parfois maladroitement – initié la mue réfienne, Mister Jo a repris le bébé de la réforme mais ne l’a guère fait grandir ce qui a conduit Prof L’Expert à mener à bien son OPA. Aujourd’hui, la réforme reste en cours, certains préalables ont été réglés et d’autres sont toujours pendants. J’ai fait le pari que cette démarche, certes imparfaite, allait dans le bon sens et je m’y tiendrai jusqu’à ce que la preuve soit apportée que je me suis trompé.

En attendant, on peut s’interroger sur le fait que la grosse machine soit si difficile à réformer – beaucoup s’y sont cassé les dents – et je dois dire que je suis assez d’accord avec l’analyse de notre ami Dan : l’appareil est phagocyté par des personnalités qui n’ont pas nécessairement intérêt à ce que cela change trop, qu’il s’agisse d’ailleurs de leur intérêt propre mais aussi de ce qu’il considèrent être celui de l’association. Il y a vraisemblablement quelques « notables » qui se battent en sourdine pour qu’on ne touche pas à leur sinécure mais il ne s’agit là, j’en suis persuadé, que d’une minorité. Le vrai problème est ailleurs et nous renvoie aux tenants du radioamateurisme que j’ai qualifié de « Canal Historique » face à l’évolution des mentalités et des préoccupations de la majorité de la population actuelle.

Ces tenants de la tradition léguée par nos ancêtres F8 et consort ne sont pas tant des fervents de l’immobilisme que des « gardiens du temple » de la tradition OM. « Activité ayant pour but l’instruction individuelle… », « Ne passer en émission que pour tester ses réalisations personnelles… », « La vénération pratiquement idolâtre du fer à souder… » etc… Ces OM / YL ont été élevés dans ce contexte, ils ont le sentiment d’appartenir à une sorte de caste qui leur confère une identité voire une forme de reconnaissance, ils ont travaillé dur pour avoir les connaissances qu’ils possèdent et il est insupportable à leurs yeux que le premier branleur venu puisse bénéficier, à l’issue d’un modeste QCM, pratiquement des mêmes droits qu’eux.

Je comprends leur réaction et leur grogne… mais je comprends aussi (même si ça ne me plaît pas des masses) que le monde dans lequel nous vivons n’a plus grand-chose à voir, au moins en terme de valeurs, avec celui qu’ont connu nos chers partisans de la tradition.

En fait, la vraie réforme du REF passera par l’acceptation du fait que nous sommes désormais au XXIème siècle, que la mentalité ambiante est de moins en moins compatible avec des valeurs de type « travail, effort, respect… » issues de la tradition Judéo-Chrétienne (il y avait d’ailleurs pas mal de curés, dans le temps, qui étaient radioamateurs). La vraie réforme du REF passera par l’acceptation du fait que nous sommes à l’époque de l’immédiateté, de la facilité et du consumérisme. Je ne suis bien sûr pas en train de vous dire que j’aime cette époque… mais il n’en reste pas moins qu’elle est bel et bien là et que son poids est incommensurablement plus lourd que celui du microcosme radioamateur (il n’y a que dans les BD que le petit village Gaulois résiste victorieusement à l’envahisseur).

On nous cite en exemple des pays qui ont un nombre de radioamateurs bien plus élevé qu’ici, mais on constate aussi que la politique du nombre – sans être trop regardant sur la qualité – y va de pair et que les facilité d’accès à pas mal de droits pour les novices en est la clé de voute.

Il n’y a pas de formule idéale qui ne comporterait que des avantages et le choix est hélas simple : maintenir le radioamateurisme national dans une sorte de ghetto de nostalgiques ou en faire une CB vaguement améliorée. Le REF reste bloqué entre ces deux options idéologiques- car c’est bel et bien là que se situe la lutte – dans une sorte de « no mans land » stérile qui explique le fait que  rien n’avance vraiment.

Il lui faudra donc faire un choix nécessairement courageux – car les critiques seront violentes quelle que soit l’option choisie – s’il veut avancer…

A moins qu’il n’espère que la sélection naturelle s’en charge.