Notre ami Henri Le PAChA a quelques idées sur la promotion du radioamateurisme … et les a couchées sur un papier que mon Petit Doigt m’a transmis (à d’autres aussi, sans doute, mais je n’ai pas été voir !).

Son introduction me paraît résumer de façon intéressante la problématique :

« La promotion est plus importante que la formation : il est plus difficile de trouver des élèves que des professeurs. La promotion doit être celle du radioamateurisme, ce qui implicite celle du REF.

Il n’est pas nécessaire d’insister sur ce bilan actuel, ni ses causes : il nous faut être réalistes et c’est là que l’analyse est plus complexe qu’il n’y paraît, car nous ne sommes pas confrontés à une difficulté spécifique à notre activité mais à une question philosophique qui dépasse largement le cadre qui est le nôtre. S’il y a quelques années nous pouvions encore faire rêver en proposant une activité qui permet de contacter la terre entière ou en construisant des appareils inexistants dans le commerce, cela est aujourd’hui obsolète. Ce n’est donc pas sur la finalité que doit porter notre argumentaire mais sur les moyens. Notre monde a changé et il nous faut développer l’idée que le faire est plus important que l’avoir.

Porter l’idée que le plaisir est dans l’acquisition d’un savoir ou d’une pratique, plutôt que d’un résultat clé en main n’est pas facile, pourtant lorsqu’on dit que notre passe-temps favori est dépassé face à internet ou au téléphone portable, on peut citer le fait que l’on peut très facilement admirer les calanques de Marseille sur le net, mais que rien ne remplace l’émotion d’y aller à pied soi-même !

On mesure donc la difficulté à aller porter un discours auprès de candidats potentiels à une licence de radioamateur, dans le monde de consommation effrénée qui est le nôtre.

D’autres comme Planète Science ou La Main à la Pâte se sont donnés des moyens, nous n’avons pas les mêmes mais nous ne partons pas de rien ».

Suivent des propositions qui risquent de susciter pas mal de débats :

– Promotion institutionnelle au plus haut niveau (notamment la piste VAE)

– Conception d’un projet technique national du REF (plutôt à base de technologie SDR)

– Elaboration de dossiers de presse

– Développer des partenariats (vers des associations / groupes associant jeunesse et sciences)

Notre ami développe ensuite les moyens nécessaires, l’existant et l’aspect commercial (boutique du REF).

Qu’en penser ? La situation du radioamateurisme français est mauvaise si on observe ses indicateurs fondamentaux : stagnation / baisse de la population et augmentation de la moyenne d’âge. Le contexte est également défavorable de part le développement exponentiel de la technologie qui a un double effet kiss-kool :

– La construction / réparation du matériel devient hors de portée pour des amateurs (même éclairés et ce n’est pas la majorité). On critique le « made in carnet de chèque » mais qui est aujourd’hui capable de construire un rig présentant des performances similaires à ce qu’on trouve en magasin ? 5% ? Expérimenter ? Soit, mais je ne vois pas trop dans quoi sinon toutes ces petites choses qui passent désormais par des ports USB…

– Nos « bidouillages » frisent, aux yeux d’une jeunesse sur-gavée d’informatique et de GSM, l’archaïsme désuet des bonnes vieilles lampes à pétrole. Je ne m’imagine même pas expliquer à un d’jeun’ de 20 ans l’exotique mystère de la longueur de l’échelle à grenouille d’une antenne lévy ! Je n’aurai même pas le temps d’atteindre le mot « grenouille » que le drôle sera parti en ricanant pour téléphoner à un pote « Dis-voir, je viens de rencontrer un drôle de mec qui s’amuse avec des bouts de ficelle à la con ! C’est triste de vieillir… ». J’exagère ? Essayez donc pour voir…

Ceci est un fait et s’accrocher à de vieilles lunes ne fera que retarder l’inévitable : s’adapter ou crever. En ce sens, les propositions de notre ami Henri (perfectibles et certainement à creuser ), à défaut de séduire une majorité de tenants du radioamateurisme historique, sont en phase avec le monde d’aujourd’hui. De fait, valoriser une approche de la radio découlant du couplage informatique / radio, et inciter des gens scientifiquement déjà formés, via par exemple la VAE, à rejoindre nos maigres rangs, semble à même sinon de promettre des lendemains qui chantent (ne rêvons pas), tout du moins à limiter les dégâts.

Il y a là, quoi qu’on en pense, un débat qu’on ne pourra pas indéfiniment reporter au motif qu’il choque certaines bonnes âmes… De ce point de vue, Henri a raison de le relancer.